"UNE VIE NORMALE", INTERVIEW DU CORÉALISATEUR DU DOCUMENTAIRE — Fénelon Vaujours

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"UNE VIE NORMALE", INTERVIEW DU CORÉALISATEUR DU DOCUMENTAIRE

Documentaire 'Une Vie Normale'

Interview d'Edouard CUEL, co-réalisateur d'Une Vie Normale. Un film diffusé à nos élèves lors d'une projection-échanges avec le réalisateur. Un projet pour sensibiliser au handicap.

Interview d’Edouard CUEL, coréalisateur du documentaire « UNE VIE NORMALE » diffusé à nos élèves

Édouard Cuel est passionné par le cinéma. À Sciences Po, il s’intéresse alors à la vidéo comme instrument de circulation de la parole.

Son documentaire était diffusé à toutes nos classes de 3èmes et de 1ères et Terminales les 12 et 13 Février 2018. De nombreux échanges ont eu lieu avec les élèves à l’issue de la projection.

Un film distingué par de nombreux prix : étoile de la SCAM, prix du public au festival des étoiles de la SCAM, sélectionné au Festival de Cannes 2016 dans la catégorie Prix « Cinéma positif », Totem au Festival de DEAUVILLE, prix du public au TEFF (The extraordinary film festival) de Namur, grand prix du film d’action sociale à la biennale du film d’action sociale de l’IRTS.

La version longue « Vincent et moi », sort lors de la journée mondiale de la Trisomie 21, le mardi 21 mars, ne la loupez pas !

« Il faut pousser les enfants à être fiers d’eux-mêmes. »

« Il faut pousser les enfants à être fiers d’eux-mêmes. »

Voici le message qu’Edouard Cuel souhaite faire passer dans son documentaire qui retrace le quotidien de son fils, Vincent, porteur de trisomie 21.

Synopsis : Vincent est aujourd'hui ceinture noire de karaté et apprenti serveur en salle. Il aimerait travailler comme tout le monde, vivre de façon autonome et avoir une histoire d'amour. Son père Edouard va tout faire pour aider son fils à trouver cette indépendance qu'il désire tant, mais dans quelle mesure est-il possible pour Vincent de voler de ses propres ailes ? Est-ce que la société est prête à l'accepter?

Depuis quand faites-vous ce métier ? Pourquoi ?

Au départ, j’ai un DEA de Sciences politiques après avoir été rejeté par la FAC parce que je n’avais pas assez travaillé ; mon mémoire portait sur la phase expérimentale du Minitel, la notion d’interactivité m’intéressait. Très vite, je me suis passionné pour le documentaire. Pour moi, il y a plusieurs façons de faire du documentaire : du pédagogique pur, comme un quasi-cours à travers lequel on transmet un savoir, ou se servir de la caméra comme d’un outil d’observation quasi-ethnologique, Apprendre en tournant. Pour moi, tourner, c’est une aventure, une découverte, c’est ce qui m’intéresse.

Quelles sont vos autres réalisations ?

La Classe de Liliane (1998), Le Temps des Chibanis (2006), Le Rêve de Salif (2014). Nous sommes sur un prochain documentaire sur les AVS.

Comment est née l’idée de ce documentaire qui retrace le parcours au quotidien de votre fils porteur de trisomie 21 ?

J’avais beaucoup de choses à dire sur l’intégration. Et en plus mon Fils, Vincent, souhaitait aussi tourner ce film. Comme il le dit avec ses mots :  «J’ai envie de vivre et de partager ma vie avec mes amis ! »

Quel est l’objectif principal de ce documentaire, pour vous ?

Mon fils est porteur de trisomie. Je suis depuis toujours partisan de l’intégration, de l’inclusion. Chaque fois que je voyais un film sur le handicap, je trouvais qu’il n’allait pas au bout du sujet. Alors pour résoudre le paradoxe qui consiste à la fois à continuer à faire du documentaire comme je l’aime et m’autoriser à parler en mon propre nom, j’ai décidé de rentrer dans le champ, face à la caméra. Ce n’est pas évident puisque j’ai plutôt l’habitude d’être derrière la caméra qu’en face. C’est peut être aussi ce qui rend le documentaire singulier et qui permet un accès à l’intimité assez rare.

Dans le club de karaté de mon fils (qui est géré par un maître extraordinaire) il y avait quelqu’un qui voulait faire un film sur Vincent qui travaillait pour France 2. Le projet a été refusé et j’ai donc décidé de le faire moi-même car poussé par mon fils!.

Avez-vous des anecdotes à nous livrer sur le tournage ?

Je m’absentais parfois de temps en temps du tournage pour que Vincent puisse se livrer davantage face caméra avec mon collègue, pour lui garantir une sorte de liberté de parole et de comportement.

Il y a eu plus de deux ans de tournage pour faire ce film, nous avons essuyé plusieurs refus pour tourner et nous avons commencé sans aucun sou en poche ! Nous avions donc des conditions de tournage assez difficiles…

Qu’est-ce que le film a apporté à votre fils ?

Pour lui cela a été un facteur de maturité, ça l’a poussé à donner le meilleur. C’est l’occasion d’être fier de lui, ce qui est très important pour tout un chacun. Celui qui est fier de lui peut avancer, et en matière de handicap, c’est particulièrement important.

Le film porte un message à la société dans son ensemble ?

Concernant l’entreprise par laquelle mon fils a été embauché, leur politique vers la diversité date d’avant la loi de 2005 : ils font les choses vraiment, avec bonne foi, même si, pour maitriser leur image et par peur de déranger leurs clients, ils ne nous ont autorisé que 4 jours de tournage sur 2 ans et demi. Concernant l’école, nous avons eu l’autorisation de l’académie mais pas du CFA lui-même. Dans le CFA, les profs ont été plutôt sympas alors que administration était franchement hostile.

Mais l’intégration est aussi un enjeu de société. Il y a une sorte de bataille qui traverse la société partout. Partout il y a des gens qui sont prêts à examiner chaque situation et à chercher des solutions à chaque problème spécifique pour améliorer le fonctionnement d’un système, et partout il y a des gens qui considèrent qu’un système est un modèle bien normé et qu’il faut que chacun à sa place corresponde précisément à la norme pour que le système fonctionne bien…

La loi de 2005 rend obligatoire la scolarisation des enfants avec un handicap… Mais sans adaptation, ça ne tient pas et la question de l’adaptation reste une question politique majeure. Comment on fait pour écouter et adapter à l’intérieur d’une société de masse ?

Dans tous les cas, l’idée c’est d’essayer, de ne jamais coincer quelqu’un dans une représentation, en particulier un enfant, et encore moins un enfant qui porte un handicap. On ne sait pas ce dont il est capable. Il y a 20 ans, très rares étaient ceux qui pensaient qu’un enfant qui porte une trisomie serait capable de lire et d’écrire ; aujourd’hui c’est devenu une évidence… Chaque être est à priori capable, donc on essaie, on tombe éventuellement sur une limite, elle n’est pas nécessairement éternelle, on cherche à la contourner, et on a souvent des bonnes surprises. Entre temps, on a amélioré ses méthodes, des prises de conscience ont eu lieu et tout le monde est dans le plaisir de faire plutôt que dans la frustration. La fierté, toujours, qui fait avancer…

Par quel biais avez-vous rencontré Capucine Roze (technicienne de laboratoire à Fénelon) qui vous a proposé de mettre en place ce projet à Fénelon que notre Chef d’Etablissement a approuvé ?

Via l’Association TRISOMIE 21 France. C’est une relativement petite fédération, mais dont la reconnaissance est très forte de par son passé de recherche, d’innovation et d’intégration.

Projetez-vous de faire visionner le film à d’autres Etablissements ?

Oui, j’aimerais beaucoup que le film circule le plus possible.

Au travers du documentaire on perçoit que le quotidien peut être éprouvant, comment tenez-vous ?

Entre mon fils et moi, c’est une histoire d’Amour.